LES ARMOIRIES DE LA COMMUNE DE FRIVILLE ESCARBOTIN BELLOY

Les Armoiries de la Commune :

« d’azur au chevron d’or accompagné de trois cœurs aussi d’or».

Depuis de nombreux siècles, les localités d’une certaine importance, qui portent le titre de villes ou de bourgs, possèdent des armoiries.

Les anciennes villes, quelle que soit leur importance actuelle, sont fières de leurs antiques blasons.

En raison de l’évolution des temps, de l’évolution des conditions économiques, des localités, jadis peu importantes, sont devenues de véritables villes. Il est naturel que ces nouvelles villes veuillent jouir de toutes les prérogatives dont jouissent les anciennes villes.

C’est en vertu de ce principe qu’Escarbotin, devenu un centre important, voulut, il y a un certain nombre d’années déjà, avoir ses armoiries.

Les responsables de la capitale du Vimeu industriel pensèrent tout d’abord que les armoiries de leur ville devaient être en rapport avec les activités économiques qui étaient à la base du développement de leur cité. Ils songèrent donc à un blason sur lequel on pourrait voir la clef, symbole de la serrurerie, entourée de robinets et autres pièces de cuivre.

Ce blason vivant aurait certainement satisfait les héraldistes les plus exigeants du Grand Siècle, mais au XXe siècle, il n’est plus question d’innover en cette matière. Pareille novation ne fut donc pas admise.

Les règles officielles, en cette matière, sont fort rigides : si Escarbotin voulait posséder des armoiries, il fallait choisir le blason de l’une des familles qui avait, sous l’ancien régime, possédée l’une des Seigneuries de la commune.

Si cette rigueur réglementaire écartait toute idée d’armoiries vivantes et modernes, elle laissait cependant un large choix : cinq familles répondant à ces caractéristiques.

Ce sont :

1) La vieille famille de Coppequesne, que l’on prétend d’origine anglaise, malgré son nom bien picard, posséda la terre et Seigneurie de Friville de 1419 à 1789.

2) La famille d’Hardivilliers, originaire du Beauvaisis, héritière du domaine de Friville par le mariage de Marie-Antoinette de Coppequesne, dernière du nom, avec Eléonor Jean d’Hardivilliers, dont les descendants ont vendu le château de Friville, il y a quelques années.

3) La famille de Roussé, alliée aux d’ Ailly, et qui posséda la Seigneurie d’Escarbotin durant plus d’un siècle (des environs de 1550 aux environs de 1670).

C’est un membre de cette famille: Etienne de Roussé, qui fonda la chapelle Saint­Hubert d’Escarbotin en 1637. Son fils, Jacques de Roussé, vicomte de Waben, obtint de l’évêque d’Amiens, en 1668, qu’un prêtre réside à Escarbotin et il fit des dons pour loger et entretenir ce prêtre.

L’actuelle église d’Escarbotin, construite en 1839, occupe l’emplacement de la chapelle de 163 7.

C’est probablement encore la famille de Roussé qm construisit le château d’ Escarbotin.

4) La famille de Montmignon, famille de magistrats amiénois, acquit la terre et Seigneurie d’Escarbotin, de la famille de Roussé vers 1670.

5) La famille Cornu a possédé la Seigneurie de Belloy-sur-Mer durant plus de deux siècles : de 1530 à 1760.

L’embarras du choix était donc grand, mais très vite, il se réduisit et les responsables de la commune n’hésitèrent plus qu’entre deux propositions : les armes des comtes d’Hardivilliers, derniers seigneurs de Friville, qui représentent un coq tenant une épée surmontée d’une couronne, ou les armes des Montmignon, derniers seigneurs d’Escarbotin.

Le Conseil Municipal de Friville-Escarbotin, déjà présidé par M. Desenclos, a finalement préféré, en 1958, porter son choix sur les armes des Montmignon qui se lisent: « d’azur au chevron d’or accompagné de trois cœurs aussi d’or».

Ce blason avait l’avantage de symboliser la configuration même de la commune : les trois cœurs représentant les trois agglomérations primitives (Friville, Escarbotin et Belloy) qui l’ont fait naître, et le chevron marquant, en quelque sorte, leur séparation originale et leur réunion définitive.

Puisque ce sont les armes des Montmignon qui ont été définitivement adoptées, il nous paraît nécessaire de pénétrer un peu plus l’histoire de cette famille à Escarbotin.

C’est vers 1670 que Michel de Montmignon a acheté la terre et seigneurie d’Escarbotin.

La date précise de cette acquisition n’est plus connue, mais on sait que Michel de Montmignon, Conseiller au Bailliage et siège Présidial d’Amiens était déjà Seigneur d’Escarbotin le 23 août 1674. Il est décédé le 30 octobre 1692. Sa veuve, Jeanne Roche, est décédée à Escarbotin le 16 juillet 1693. Leurs descendants mâles furent Seigneurs d’Escarbotin jusqu’à la Grande Révolution et demeurèrent encore après.

On voit encore, dans le pavage de l’actuelle église d’Escarbotin, les pierres tombales de Jean­Baptiste de Montmignon, Seigneur d’Escarbotin, décédé le 11 avril 1788, âgé de 32 ans, et de sa veuve, Jeanne Jacqueline Lefebvre-Duquesnoy, décédée à Belloy le 13 mars 1837, âgée de 85 ans.

C’est en 1756, année de la naissance de ce Jean-Baptiste de Montmignon, que son père, aussi prénommé Jean-Baptiste, avait fait bâtir la chapelle de Belloy.

Un autre édifice rappelle la présence des Montmignon à Escarbotin, c’est l’antique château d’Escarbotin, ou du moins, ce qu’il en reste.

Ce vénérable édifice servit d’usine au milieu du XIXe siècle, et il se voit encore dans les bâtiments de l’ancienne école des filles George Sand. Les anciens d’Escarbotin le nommaient encore« Le château de Montmignon ».

Le gros pavillon, carré, construit en briques, est flanqué d’une tourelle ronde contenant l’escalier et est orné aux angles supérieurs de ses murailles, de curieuses gargouilles en pierre dure. Sa construction paraît remonter à la première moitié du XVIIe siècle, il est donc antérieur aux Montmignon.

Il a été construit soit par un membre de la famille de Roussé, soit s’il est encore plus ancien que nous le pensons, par leurs ancêtres, les d’ Ailly.

Plusieurs sculptures mutilées se voyaient jadis sur la tour du château. Elles représentaient, dit­on, une bataille livrée par un ancien Seigneur du lieu contre un château du voisinage. Ces sculptures ont, maintenant, totalement disparu. On ignorait d’ailleurs à quel fait et à quelle époque elles se rapportaient.

La famille de Montmignon est maintenant éteinte, mais Escarbotin conserve son souvenir et le perpétue en ayant relevé ses armoiries.